L’acquisition de lynda.com (mai 2015), plateforme intégrée de e-formation, par LinkedIn a fait grand bruit… Le rouleau compresseur semble en marche, malgré les déboires boursiers de l’acquéreur (une division du cours par deux) qui a été l’une des principales victimes de la défaveur des investisseurs pour les valeurs américaines du Cloud à l’automne dernier…
Les millions de titulaires d’un compte LinkedIn reçoivent régulièrement des offres alléchantes de lynda.com : par exemple la possibilité de tester gratuitement l’ensemble des contenus pendant 30 jours, suivie, pour ceux qui ne sont pas laissé tenter, de diverses offres différenciées en fonction leur profil dans LinkedIn. Des offres d’abonnement directes, ou bien pour leurs collègues, équipe voire entreprise, car le grand réseau social professionnel dispose de toute l’information, notamment sur ses adhérents premium (managers, dirigeants d’entreprise, travailleurs du savoir…).
Ces offres peuvent séduire par l’étendue du catalogue : plus de 6.000 cours dans 5 langues, déjà utilisés par 7 des plus grandes entreprises européennes, et plus largement par 10.000 entreprises - Intel, General Electric, Apple, Microsoft, BMW, Swisscom… - et plus de 4 millions d’abonnés. De quoi fonder la prétention de lynda.com à se prévaloir du titre de leader mondial de la formation en ligne. D’autant que la plate-forme a une influence grandissante dans le secteur de l’éducation, en particulier dans les prestigieuses universités de la Ivy League, preuve qu’il y a encore de la place à côté des opérateurs de MOOC comme Coursera ou edX.
Étendue du catalogue : formation aux outils et bonnes pratiques du numérique (le domaine originel de lynda.com), cours sur le design, le business, le marketing, etc. Le format générique répond aux usages actuels : des vidéos, durant 1 à 4 minutes, et donnant la parole aux meilleurs experts, accessibles depuis l’ordinateur, la tablette ou le smartphone, en ligne ou non, avec la possibilité de télécharger des exercices, de créer des signets et des notes personnalisées, d’obtenir sa certification à l’issue du cours ainsi que tout type de reporting (par personne, équipe, groupe)… Un ensemble cohérent de ressources et de services pouvant servir en temps réel le développement des compétences individuelles : on ne s’étonne par que 10% des abonnés investissent de leur poche, ni que les entreprises y abonnent leurs nouveaux embauchés : le patrimoine des cours augmentant au rythme de 25 par semaine, la plupart des softskills seront bientôt couvertes.
Les formateurs ne sont pas exclus de ce dispositif, au contraire, ne serait-ce que pour assurer la curation d’un nombre aussi important de contenus, une fonctionnalité offerte par lynda.com dans son module d’administration qui permet de créer des parcours de formation personnalisés aux besoins des apprenants. Quant au modèle économique, il est simplisme, le prix pour l’entreprise dépendant du nombre d’utilisateurs sur une année, tout utilisateur ayant accès à l’ensemble des cours.
Le sens que LinkedIn donne à son acquisition de lynda.com est limpide : si LinkedIn promet aux entreprises de recruter les meilleurs talents, sa filiale vise à les développer aussi vite et loin que possible - amélioration de la productivité, satisfaction accrue des salariés, meilleur taux de rétention… Un discours tenu par les grands éditeurs de “talent management system” dont LinkedIn pourrait devenir un sérieux concurrent.
Michel Diaz
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